Tutorat... Quelque chose qui rime avec "rat" est nécessairement mauvais. Non ? [PV : Ely]

❝ Tutorat - Les apparences sont souvent trompeuses ❞

« Tom...Thomas Montgomery ! Arrête je vais être en retard ! » Captive des bras musclés de son fiancé, Eli tente faiblement de se débattre en riant. Elle avait passé la nuit dernière chez les Montgomery, après une petite soirée en amoureux. Son seul cours de la matinée avait été annulé, l'enseignant étant malade, pour le plus grand bonheur de la jeune londonienne. Depuis son arrivée à Liverpool, elle passait plus de temps le nez dans ses bouquins, qu'avec son fiancé qu'elle était initialement venu retrouver. Arrivée en quatrième année de droit, elle était bien consciente qu'il ne lui restait plus beaucoup de temps avant le fameux concourt du barreau. Un mariage à préparer plus des études envahissantes, elle n'avait plus le temps pour rien. Le dernier moment qu'elle avait passé avec son frère était au magasin de téléphonie mobile où elle l'avait conduit la semaine précédente, après que ce grand maladroit ait noyé son précédent téléphone. Cette soirée en amoureux, elle l'avait savourée et souhaitait faire durer ces moments encore un peu.
Malheureusement, elle avait un engagement, engagement primordial dans son cursus : elle devait se rendre à une session de tutorat avec une étudiante de troisième année, obligatoire pour valider une de ses UE. Elle n'avait pas eu à subir une telle chose durant sa troisième année étant donné qu'elle a eu le privilège d'étudier à Londres. Au moins à Londres, ils croyaient en l'auto prise en charge des étudiants, à l'autonomie dans le travail et à la débrouillardise. C'était la jungle et seule la règle du chacun pour soi, ce qui convenait parfaitement à Beth. Seuls ceux qui savaient où trouver les informations réussissaient. Elle filait un coup de main à ses amies, mais les autres pouvaient toujours se brosser !

C'est donc vraiment à contre coeur qu'elle incite l'homme de sa vie à la libérer, lui promettant qu'elle repasserait dans la soirée. 17h23. Il lui fallait accélérer le pas si elle voulait arriver à l'heure à ce cours, qui n'allait pas vraiment en être un. Elle n'avait pas l'intention de tenir un discours moralisateur ou de s'imposer en grand ponte du droit, détenant le savoir absolu. Non pas du tout. Elle avait plutôt l'intention de laisser la jeune Leonor Chambers, revenir sur des éléments des cours magistraux qu'elle avait peut-être eu du mal à saisir, voilà tout, un peu comme une répétitrice de chant. Mais si vous savez, ces personnes qui n'apprennent pas au chanteur sa chanson, mais qui l'aident à revoir les passages difficiles. Et bien voilà ce qu'elle avait l'intention d'être. De toute façon, elle ne pourrait pas être plus, étant donné qu'elle n'avait rien eut le temps de préparer...les lèvres de Thomas étaient bien plus intéressantes que ses bouquins de droit de troisième année si vous voulez tout savoir.

Elle quitte donc sa moitié, rejoignant sa Mini à reculons et prend le chemin de l'université, encore un brin rêveuse. Une fois garée dans sa place à l'autre bout du bâtiment Pankhurst, elle sort ses directives de son sac Longchamp, afin de s'assurer de ne pas se tromper de salle. Salle 104. C'était donc au premier étage si ses souvenirs étaient bons. Elle ne connaissait pas encore ce campus comme sa poche et faisait des efforts surhumains pour ne pas s'y perdre. Après avoir poussé la grande porte du bâtiment, elle se dirige vers les escaliers et part à la recherche de cette fameuse salle, salle qu'elle trouve sans peine. Elle place son pass devant le petit boitier verrouillant la porte et pénètre dans la pièce avec une légère appréhension. Elle n'était pas prof et n'aspirait pas à l'être. Ce rôle qu'elle s'apprêtait à jouer était totalement un rôle de composition. Elle pose son sac sur le bureau et inspire profondément histoire de se redonner un peu de courage.
Durant les 10 minutes précédant le début de la session, elle décide de rapprocher deux tables de cours et de s'y installer, faisant face à la porte, afin de guetter l'arrivée de la jeune femme. Elle ne tenait pas à s'installer derrière cet immense bureau, affreusement imposant, qui la mettait encore moins à son aise. Elle sort ensuite son manuel général de droit, son Macbook air histoire d'avoir plus facilement accès à ses cours de l'année précédente, un bloc note et quelques stylos et la voilà fin prête.

Alors qu'elle farfouille dans son ordinateur, quelqu'un pousse la porte de la salle. Il lui faut quelques secondes pour terminer la phrase qu'elle lisait, afin de poser son regard sur la jeune femme qui s'approchait d'elle, une très jolie et grande brune légèrement typée, à l'allure de duchesse, affichant un sourire transpirant l'hypocrisie. Elles étaient certainement aussi ravies d'être là l'une que l'autre.

« Bonjour... Vous devez être Elisabeth Cartwright ? Je suis Leonor Chambers. » Beth lui adresse un sourire courtois, avant d'acquiescer d'un hochement de tête

« Enchantée Leonor ! Installe toi. » Lui dit-elle alors en désignant la chaise face à elle. Malgré ses efforts, l'attitude de cette jeune femme trahissait son statut de nouvelle riche. Pour Beth, les nouvelles riches étaient souvent des jeunes femmes qui tenaient plus que tout à l'image qu'elle pouvait donner d'elles-mêmes, comme pour s'assurer que personne ne puisse découvrir leur passé. Elles s'appliquaient à être parfaite et surtout, exhibaient toutes sortes d'objets attestant de leur toute nouvelle richesse. Beth avait toujours grandi dans l’opulence (et c'était peu de le dire) et elle repérait ces jeunes femmes à des kilomètres à la ronde. Elle ne pouvait s'empêcher de se dire que cela devait être affreusement fatigant d'être toujours dans l'apparence, dans une sorte de représentation permanente.

Beth passe sa main dans ses cheveux en croisant ses jambes avec cette grâce qui la caractérisait, avant de poser ses mains sur la table, d'entrecroiser ses doigts, de poser un regard bienveillant sur la jeune femme et de lui dire, sans se défaire de son sourire

« Tu peux me tutoyer tu sais. » Puis elle rajoute « Et si on faisait un peu connaissance ? On va passer un semestre ensemble alors autant se faciliter la vie ! » Travailler c'était bien, mais si elles voulaient travailler efficacement, il fallait qu'elles se connaissent un minimum. Du moins, c'était comme ça qu'Eli voyait les choses.